Au Pays de Maurice Genevoix
Maurice Genevoix entre au Panthéon !… De là où elle est, Sylvie, sa fille, qui a tant milité pour que cet honneur lui soit rendu, doit se réjouir.
Extrait de la préface de Sylvie Genevoix :
Suite de la définition du « contoguide » qui figure dans l’onglet général « les contoguides » :
« (…) Quel bel hommage, aussi, à l’univers d’un écrivain que de restituer fidèlement les lieux qui ont nourri son inspiration !
Moi qui ai si souvent, aux côtés de mon père, promené mon regard et mes pas d’enfant à travers ces villages du Val et de Sologne, contemplé la splendeur infinie de la Loire, l’élégance épurée des voûtes de la basilique de Saint-Benoît ou la modestie charmante des vieilles maisons paysannes, moi qui croyais presque tout connaître de cette région où je suis née, je me suis laissée prendre aux charmes de Michèle Dassas qui m’a fait retrouver, parfois même découvrir certains secrets de mon pays.
Elle est un guide incomparable, pour nous entraîner dans ses propres découvertes, dans ses étonnements et ses émerveillements. Parfois intriguée, toujours bienveillante, elle n’a pas sa pareille pour nous donner à voir et à entendre les lieux et les gens qu’elle a croisés : la vieille Madame Meneau lavandière – ou laveuse – à Saint-Denis de l’Hôtel dont sa petite fille entend encore la voix, souvent couverte par le bruit des battoirs et des brosses sur les planches ruisselantes d’eau savonneuse du bateau lavoir. Le vieux marinier Guy Meneau, qui commença par acquérir une vieille toue de 1930, la remit à flots et fonda la confrérie des « fils d’Galarne » pour faire revivre la marine de Loire et ses mariniers, « vilains sur terre, seigneurs sur l’eau », dont chacun a oublié combien, jusqu’au début du XIXème siècle, leur activité était importante et vitale pour la région.
Avec la même curiosité joyeuse et attentive, elle nous emmène en promenade, du musée du braconnage de Chaon à Brinon sur Sauldre, le « pays de Raboliot », en passant par les chemins baptisés Maurice Genevoix à Menestreau en Villette ou par Châteauneuf sur Loire, immortalisé dans « Au cadran de mon clocher », sans oublier les incursions à Germigny-des-Prés, à Saint-Benoît ou à Sully, autant de lieux chargés de mémoire et d’émotion.
A chaque étape, elle nous offre une histoire, un conte pour réfléchir ou pour rêver : celui du bûcheron qui ne voulut pas abattre un chêne plusieurs fois centenaire et disparut avec une belle fée ; celui de l’enfant en qui revit, deux générations plus tard, l’amoureux mort à la guerre de 14 ; celui de la petite bergère qui apprend toute seule à lire et à écrire, et trouve l’amour à force de sagesse et de générosité ; celui encore du mouton qui parlait, de la chouette effrayée ou de l’homme égaré qui retrouve, grâce à des morts vivants, le sens de la justice et du bien.
Chacune de ces histoires est comme une récréation entre deux promenades, une halte dans un itinéraire qu l’auteur fait cheminer à travers les lieux qui ont nourri l’œuvre de mon père : les étangs et les bois de Sologne où naquit le personnage de Raboliot, les rives de Loire qui ont vu grandir Rémi des Rauches, Châteauneuf où il passa son enfance, son adolescence et ses années de jeune survivant de la guerre de 14, les Vernelles où il trouva son havre et que jamais plus il ne quitta.
Je pourrais longtemps parler de ce contoguide et de ses multiples détours. Le mieux est de s’y plonger, de se laisser entraîner par lui, et de remercier son auteur d’avoir choisi l’œuvre de mon père pour y construire son itinéraire et ses gîtes d’étape à travers cette souriante et belle région de France qu’il a toute sa vie aimée et célébrée avec talent et passion. »
Sylvie Genevoix